NB:
Le texte ici présenté est la version intégrale
de l'article paru dans la revue.
dans Sombra de la sombra et La vida misma
Force est de reconnaître que jusquà
récemment, lon connaissait peu Paco Ignacio
Taibo II, le fondateur du néo-polar mexicain, du
moins les études lui étant consacrées
se comptaient sur quelques doigts 1.
En effet, le genre littéraire dans lequel il excelle
est considéré encore aujourdhui
bien que les temps changent... comme un sous-genre.
Pourtant, dans La vida misma 2
et Sombra de la sombra 3,
la stratégie narrative de PIT II est
différente de la norme du genre policier ou noir
4. PIT II
affirme dailleurs dans une récente
déclaration à Alberto Vital, que lui et
dautres auteurs se sont mis au genre policier
con vocación de romper una estructura
genérica 5.
Ainsi, PIT II samuse avec les caractéristiques
du genre, faisant un clin dil par exemple
à la chambre fermée de lintérieur
dans Sombra de la sombra (pp. 90-91), à la
série de raisonnements déductifs (cf. Los
personajes juegan dominó), etc. Il abandonne
aussi lunité de la perspective narrative. Dans
La vida misma, roman morcelé en 63 chapitres,
on distingue ainsi trois stratégies narratives: Le traitement du détective, investigateur de crimes, sécarte aussi de la norme. Si nous prenons le cas de Sombra de la sombra, on ne trouve pas un mais quatre détectives ou pour être plus correct quatre amis qui se retrouvent impliqués bien malgré eux dans la résolution dune énigme 15. La seule chose qui les motive est la curiosité. Dans La vida misma, lenquête est confiée à un écrivain de romans policiers à succès 16 que le jeune maire de Santa Ana, Benjamín Correa, vient chercher pour lui offrir le poste de chef de la police de cette municipalité rouge. Mais, comme le protagoniste le dit lui-même, il nest pas le seul à enquêter, toute la population de Santa Ana participe à la résolution du crime: |
La muerta es tan
de ellos como nuestra mientras no estorben. (p. 89) Dailleurs, à larrivée des policiers fédéraux, tout le monde quitte léglise en compagnie de Fierro (pp. 90-91). Ces détectives en herbe ne résolvent pas lénigme, la solution si on peut lappeler ainsi arrive par hasard. En cela, le genre auquel appartiennent les deux romans de Taibo est le polar si lon suit lopinion de Thomas Narcejac: Cest ici que le mot polar vient créer léquivoque. Bien sûr, on objectera que le polar conserve lenquête et veut seulement corriger par une action forcenée la nature par trop cérébrale du R.P. Mais, dès quon abandonne lénigme exactement construite pour le puzzle ou, pire encore, limbroglio, dès quon remplace par conséquent la rigueur par le tâtonnement, il ny a plus de détective. Reste un tâcheron de lenquête qui, au lieu de progresser dune manière nécessaire vers la vérité, ne la rencontre finalement que par hasard. 17 Depuis peu de temps, disais-je, la critique a porté son attention sur Paco Ignacio Taibo II qui, enfant, laissa derrière lui les côtes cantabriques de Gijón pour les rues de Mexico. En cela, son personnage de Fermín Valencia dans Sombra de la sombra est clairement parodique, dautant plus que, comme PIT II, il arbore fièrement une superbe moustache et de splendides lunettes: Fermín Valencia tiene un poco más de treinta años, mide uno cincuenta y cinco y nació en el puerto de Gijón, España; aunque muy desvanecida en la memoria esta aquella costa del Cantábrico, porque a los seis años llegó a México de la mano de un padre viudo que vino a instalarse como impresor en Chihuahua. Necesita lentes para ver de lejos, pero no los usa casi nunca; en cambio porta un bigote más que regular, que, junto con las botas altas y el pañuelo rojo al cuello, son recuerdos de su paso por la División del Norte de Pancho Villa allá por los años 1913 a 1916. Resulta difícil saber a qué atenerse ante un rostro a veces aniñado, a veces rígido por la rabia que le corre por dentro; cuesta trabajo distinguir la broma de la hiel, y mucho más al adolescente cariñoso del hombre torcido y afilado. (pp. 13-14) Cette utilisation
déléments réels et personnels de
lauteur dans la fiction est propre à
lécriture de PIT II dans les deux romans qui
nous occupent, mais cette caractéristique est plus
importante encore. En effet, PIT II va inscrire ses
personnages romanesques dans un cadre historique qui
apparaît, à première vue, bel et bien
exact. Aussi le lecteur se voit-il confronté à
la difficile tache de dénouer le faux du vrai,
lillusion de la vérité. Ce nest
pas simple car PIT II est aussi et avant tout historien de
part sa formation, et il sait jouer, pour notre plus grand
plaisir, des deux facettes. De plus, pour lui,
Lhistorien est, par essence, un
détective privé amateur 18. Dans
une autre interview, il dit de même: Yo me he
formado como historiador y novelista policiaco casi en
paralelo 19.
Ces deux déclarations témoignent bien du fait
quil considère les facettes littéraire
et historique comme deux espaces liés voire
géminés. No sólo nos hace un servicio en Santa Ana, sino la cantidad de novelas policíacas que salen de ahí. Tenemos unos crímenes de lo más lucidores [...] (p. 17) Dailleurs, cest ce que fera Fierro explicitant dans les lettres à sa femme Ana, non seulement le contenu de son livre mais aussi sa propre histoire à tel point que le lecteur en est à se demander si le livre que Fierro veut écrire nest pas celui quil est en train de lire: Es una novela de
crímenes muy jodidos, pero lo importante no son los
crímenes, sino (como en toda novela policíaca
mexicana) el contexto. Aquí pocas veces se va a
preguntar uno quién los mató, porque el que
mata no es el que quiere la muerte. Hay distancia entre
ejecutor y ordenador. Por lo tanto, lo importante suele ser
el porqué. PIT II nous avertit que la municipalité minière de Santa Ana na jamais existé: No existe la ciudad minera de Santa Ana en el centronorte de México, y por tanto, nunca hubo en ella un ayuntamiento rojo, ni un jefe de policia que escribía novelas policíacas. Esta historia pertenece descaradamente al terreno de la ficción. La enorme mayoría de los personajes no existen más que en las páginas de este libro, e incluso aquellos cuyos nombres o signos dictintivos he tomado prestados de la realidad, dicen cosas que sólo pueden atribuirse a mis fantasías. (p. 7) mais cet avertissement sert à faire le contrepoint avec le Mexique qui lui est bel et bien réel. Il a réellement existé une municipalité rouge au Mexique, Juchitán dans lIsthme de Tehuantepec, qui était dirigée par la Coalición Obrera Campesina Estudiantil del Istmo. Lauteur dit: La vida misma está inspirada en el caso de Juchitán, pero como toda literatura es una experiencia traducida. Yo no podía escribir una novela juchiteca porque no soy capaz de hacer una novela sobre Oaxaca. Sólo podía escribir la novela de una ciudad inventada, a partir de una serie de viajes que hice en los 60 y 70 gracias a los movimientos sociales y sindicales de la zona centro norte del país 22. Toujours est-il que PIT II sest fortement inspiré des événements de Juchitán. En effet, dans une interview à Leopoldo de Gyves, le jeune maire de 31 ans, la situation décrite est identique à celle que lon trouve dans le roman: Difícil [le futur] ante el permanente acoso de la policía e, inclusive, de injerencias de elementos pertenecientes al Ejército. Se calienta el ambiente político, reconoce De Gyves, víctima directa de la última agresión al ayuntamiento de Juchitán, en la que recibió dos heridas de posta. Existe una clara intención del gobierno del estado, del PRI, de los comerciantes, de los terratenientes, en suma de las clases poderosas del estado, para calentar aún más la tensión política juchiteca, por medio de una sistemática provocación. [...] Creo que el PRI demostró con esto [agression de paysans] lo que habrá de ser su estrategia, su golpe final: la provocación, la intimidación y la violencia, con base en una campaña realizada por medio de mentiras. [...] A medida que la situación sea más tensa, se pedirá la presencia del Ejército [...]. De plus, Juchitán ne fut pas un cas
isolé. En effet, Santa María Moyotzingo, une
ville de 14 000 habitants de lEtat de Puebla, connut
une expérience identique au début des
années 80 avec la Coordinadora Popular Emiliano
Zapata. Victorieuse aux élections municipales,
la réaction des caciques et de lEtat ne se fit
pas attendre, semant une vague de violence dans la ville
23.
Sombra de la sombra présente la
société mexicaine des années 20,
cest à dire le moment où le pays sort de
la Révolution. Cet événement important
pour lHistoire mexicaine est dailleurs
très présent dans les discussions des
personnages, surtout à travers le poète qui
était soldat dans la Division du Nord de Pancho
Villa. Le bilan que les personnages en tirent nest pas
très positif. La Révolution na pas
apporté les changements escomptés: les
militaires ont chassé les porfiriens pour occuper
leur place et les pauvres restent toujours aussi pauvres
(pp. 32 et 128-131). Verdugo, issu dune famille
porfirienne, a coupé les ponts avec les siens et sa
classe sociale, après des études en Italie et
une thèse de Droit International sur Las aguas
territoriales en los canales transoceánicos. Son
engagement et même son identification avec les
marginaux témoignent de cette rupture. Le roman se
situe donc dans cette période
post-révolutionnaire du Mexique des années 20
où les généraux trahirent leurs
idéaux. Le Plan (fictif) de Mata Redonda 27
va montrer comment les chefs militaires de la
Révolution veulent satisfaire leurs propres
intérêts économiques en vendant aux
compagnies pétrolières américaines des
morceaux de leur pays suite à larticle 27 de la
Constitution de 1917 qui définit la fonction sociale
de la propriété. Cet article stipule que les
terres, les eaux et les produits du sous-sol appartiennent
à la nation. Le gouvernement peut appliquer le
principe dexpropriation indemnisée pour raison
dutilité publique. Le problème agraire
serait résolu en mettant fin aux latifundia et en
octroyant aux indigènes de petites exploitations.
Période de formation du Mexique moderne, les
pratiques de corruption sont légion, la bureaucratie
se fait de plus en plus pesante à limage de la
reconstruction économique dont la mise en uvre
inquiète les syndicats ouvriers 28.
Dans le roman, Tomás Wong, ouvrier dans une fabrique
textile de Mexico et syndicaliste, incarne le monde
prolétaire et lanarcho-syndicalisme. Ce roman
montre la forte tension et les conflits entre, dun
côté les classes populaires et
lanarcho-syndicalisme et, de lautre ces fameux
militaires issus de la Révolution et qui depuis
détiennent le pouvoir. Le crime de San Angel du 20
octobre 1922 marquera le point dorgue de
laffrontement entre ces deux factions. Cet
événement historique qui apparaît dans
Sombra de la sombra est laboutissement
dune grève de 52 jours des usines de Santa
Teresa. Trois agents de la police avaient
séquestré Julio Márquez, le
secrétaire de la Fédération textile,
sous lordre de Julio Imbert, le gérant de
lusine. Les émeutes se terminèrent par
un massacre. On trouve aussi une autre manifestation (pp.
49-51), inventée celle-ci, qui bien
quétant pacifique se termine par un lourd
bilan: cinq morts et une vingtaine de blessés
29. La ciudad
insurrecta de anuncios luminosos Pour un lecteur non averti, cette poésie peut sembler des plus burlesques. Les vers de Valencia le sont tout autant à tel point quil est parfois difficile de distinguer poésie et publicité. Contre 25 verres deau fraîches, il a composé pour le débit de boissons de Simon les vers suivants: Para aguas las de
Simón, Voici le florilège de ses meilleures oeuvres publicitaires: Tratamiento de campaña para
el piquete de araña (gonorrea), diez pesos en tres
días. (p. 67) Ses véritables poèmes ne sont pas éloignés de cette influence publicitaire: Coso mi alma
a la piel Dans Sombra de la sombra, apparaît de même la relation entre écriture et action: trois personnages mêlent les deux. Pioquinto Manterola 34 qui soccupe de la chronique rouge du journal El Demócrata contribue par ses talents de journaliste à lanalyse socio-politique dans un pays qui en a bien besoin. Fermín Valencia, le poète, rédige à la fois des publicités et ne dédaigne pas lusage de la force. Souvenons-nous aussi quentre 1913 et 1916, il fut un des soldats de la Division du Nord de Pancho Villa. Enfin, lavocat Alberto Verdugo y Sáez de Miera dit El verdugo utilise ses compétences professionnelles au service des marginaux et des prostitués. Tomás Wong, le seul à ne pas avoir dactivité liée à lécriture si ce nest son projet de créer un journal pour son syndicat, cultive exclusivement laction. Comme le fait remarquer Laurent Aubagne 35, Le fait que le personnage de Tomás trouve sa prolongation dans le personnage de San Vicente confirme cette impression que lAction est la forme populaire dEcriture de lHistoire. Wong jouit dailleurs dun statut particulier avec lapparition de Rosa López et dune intrigue qui lui est propre: [...] ese chino de 35 años, quien a pesar de haber nacido en Sinaloa habla con la ele, probablemente para afirmar y agredir con su condición a un país en que los chinos son perseguidos de una manera cruelmente absurda. Tomás Wong, ex obrero de una compañía petrolera, ex marino y ex telegrafista, hoy carpintero en una fábrica textil de San Ángel, es habitante de muchos mundos, entre otros el de sus silencios, y el de la lucha sindical más enconada que ha conocido el valle de México desde hace muchos años. (p. 15) Huérfano de padre y madre a los cinco años nunca había hablado chino, criado por un mestizo hasta los 10 años en Sinaloa y crecido entre mexicanos y gringos en los campos petroleros de Mata Redonda y Árbol Seco, nunca había rondado las importantes colonias chinas de la costa occidental de México, y la de Tampico la conocía desde afuera, como un intruso. Si hablaba con la l comiéndose las erres, era más que nada por el placer de llevar la contraria, por imponer su diferencia. (p. 89) A travers lui, le lecteur va découvrir linsoutenable racisme anti-chinois de cette époque 36. Ironiquement, Taibo avait tenu à remercier dans la note liminaire, le président du comité antichinois: Fulgencio Martínez, presidente del comité antichino de San Pedro de las Colonia, Coahuila. Perpretador de los bodrios propagandísticos de carácter racista más aberrantes (entre 1924 y 1925) en un país en el que cuesta trabajo destacar en la calumnia. (p. 7) Il est à noter que lintrigue policière prend sa source dans la région de Tampico doù est originaire Tomás Wong, ce qui annule en quelque sorte lidée que ce personnage est extérieur à laventure principale. Tampico, région pétrolifère du Golfe du Mexique, était, à lépoque où se situe le roman, une région dynamique et très riche mais où les terres et les généraux sachetaient sans scrupule. Pourquoi PIT II veut-il construire lillusion du réel historique? Tout simplement parce quil désire, a contrario, faire passer pour de la fiction ce qui relève de la réalité (cf. descaradamente) 37, cest à dire que parfois la réalité dépasse la fiction et que, pour le Mexique, les événements politiques et historiques sont dignes de faits romanesques. Comme le remarque judicieusement Anne Charlon 38, lune des activités principales du pouvoir mexicain est de donner le fictif pour du réel, il [PIT II] sinterroge sur les frontières existant entre réalité et fiction, confronte dans un tissu fictionnel le réel et le fictif, cherche à redonner du sens aux mots, à créer avec des mots un Mexique, selon lui, réel. Le choix du polar comme terrain décriture peut sexpliquer dans ce contexte dans la mesure où il sagit dun genre majoritairement populaire. Les Mexicains, à travers la lecture de ces deux romans, peuvent apprendre et se rendre compte de la situation politique mexicaine, loin des images de Televisa manipulées depuis le pouvoir 39. En cela on peut considérer Paco Ignacio Taibo comme un écrivain engagé. Sartre disait que la fonction de lécrivain est de faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne sen puisse dire innocent 40 Cest exactement ce que fait lauteur mexicain dans nos deux romans.
Nicolas BALUTET
1 A noter cependant louvrage collectif de la Société Belge des Professeurs dEspagnol, PIT II: polar, miroir de México, Charleroi, 1994. 2 Lédition de référence est: Taibo II, Paco Ignacio, La vida misma, Txalaparta, Tafalla, 1997. 3 Lédition de référence est: Taibo II, Paco Ignacio, Sombra de la sombra, Txalaparta, Tafalla, 1996. 4 Le roman policier qui naît avec Edgar Poe constitue un jeu intellectuel à travers lequel le lecteur est invité à résoudre une enquête. Le roman noir marqué par la crise de 1929 se tourne plutôt vers la psychologie de lassassin dans une société bouffée par largent, le banditisme, la corruption et la violence. Le roman noir entretient un rapport étroit avec le fait divers. On lira avec profit larticle de Marie Cordoba, Loi et genre dans Sombra de la sombra dans América. Cahiers du Criccal, n°22, 1999, pp. 179-197. Les normes du roman policier ont été énoncées en 1928 par S.S. van Dine et résumées en huit points fondamentaux par Tzvetan Todorov (Typologie du roman policier dans Poétique de la prose, Seuil, Paris, 1980, pp 9-19): 1. Le roman doit avoir au plus un détective et un coupable, et au moins une victime (un cadavre); 2. Le coupable ne doit pas être un criminel professionnel; ne doit pas être le détective; doit tuer pour des raisons personnelles; 3. Lamour na pas sa place dans le roman policier; 4. Le coupable doit jouir dune certaine importance: a) dans la vie: ne pas être un valet ou une femme de chambre; b) dans le livre: être un des personnages principaux; 5. Tout doit sexpliquer dune façon rationnelle; le fantastique ny est pas admis; 6. Il ny a pas de place pour des descriptions ni pour des analyses psychologiques; 7. Il faut se conformer à lhomologie suivante quant aux renseignements sur lhistoire: auteur:lecteur=coupable:détective; 8. Il faut éviter les situations et les solutions banales (Van Dine en énumère dix). On voit facilement que Taibo se moque bien de ces normes. 5 Trois déclarations de P.I.Taibo II dans América. Cahiers du Criccal, n°22, 1999, p. 165. 6 Ce sont les chapitres 1, 4, 6, 8, 9, 12, 14, 16, 19, 20, 22, 23, 25, 26, 29, 30, 31, 32, 33, 35, 36, 38, 39, 41, 43, 44, 45, 47, 48, 49, 51, 52, 53, 55, 56, 59, 60 et 62. Ils occupent 60% de la totalité des chapitres. On remarquera au passage quà partir du meurtre de lAméricaine (chapitre 29), on trouve une succession de chapitres menés par le narrateur omniscient qui permet dinstaller lambiance du crime. 7 Cf. les chapitres 2, 5, 10, 13, 18, 27, 34, 37, 42, 50 et 58. 8 Cf. les chapitres 3, 7, 11, 15, 17, 21, 24, 28, 40, 46, 54, 57, 61 et 63. 9 Cf. les chapitres 3, 6, 9, 10, 11, 14, 16, 17, 18, 20, 21, 23, 24, 27, 28, 29, 30, 32, 34, 36, 37, 38, 40, 41, 42, 45, 46, 48, 50, 51, 53, 54 et 56. 10 Paragraphes 1, 4, 8, 12, 19, 26, 31, 44, 52 et 57. Sur la fonction du jeu de dominos, voir lexcellent article dArnulfo Eduardo Velasco, La historia y el dominó: algunas consideraciones sobre Sombra de la sombra de Paco Ignacio Taibo II dans Ecrire le Mexique: Carlos Fuentes et Paco Ignacio Taibo II, Jean Franco (ed.), Ellipses, Paris, 1998, pp. 182-190. Les quatre hommes profitent des parties de dominos pour apporter les découvertes de la journée. Le domino va jouer ainsi le rôle de métaphore du travail de détective et denquête. 11 Paragraphes 5, 15, 25, 33, 39, 43, 47, 49 et 55. 12 Paragraphes 2, 7, 13, 22 et 35. 13 Elle sappelle Anne Goldin, vit à San José (Californie) et est photographe dans une revue de Los Angeles. Elle a un enfant de six ans, Tommy, dont le père est lancien chef des ventes du PEMEX (pétroles mexicains), disparu avec onze millions de dollars deux ans auparavant (p. 178) et qui nest pas sans rappeler Dîaz Serrano, le Directeur Général des Pétroles Mexicains. 14 Le premier crime auquel a affaire José Daniel Fierro est celui perpétré par une femme contre son mari. Celui-ci a reçu six coups de machette. Le lecteur ne connaît pas les raisons invoquées pour ce crime mais il peut les deviner: brutalité, mensonges, machisme du mari. Pour la femme, Justice est passée. 15 Les quatre personnages sont très différents mais aussi complémentaires. Dans leur diversité, ils représentent la société mexicaine du début des années 20. 16
Remarquez ici la mise en abîme burlesque. Parmi les
onze romans quil a écrit, on peut citer
La raya, La cabeza de Pancho Villa,
Muerte al atardecer, Muertos sin
memoria, etc. Quatre de ses livres ont même
été traduits en anglais comme
Notebook et All night shooting and
dancing. Il vient de gagner Le Grand Prix de
Littérature Policière de Grenoble. 17 Narcejac, Thomas: Avertissement au lecteur dans Boileau-Narcejac, Le roman policier, Quadrige/P.U.F., Paris, 1994, p. 4. 18 Guérif, François: Interview de Paco Ignacio Taibo II dans Le Magazine littéraire, n°334, juin 1996, p. 54. 19 Francisco Ignacio Taibo, novelista e historiador mexicano dans El País, 23 mars 1992. 20 Cette proposition arrive à un moment où Fierro a envie de partir: Cada vez escribía más de irse y, sin embargo, se quedaba. (p. 13) 21 Les journalistes de la capitale lui demandent aussi sil va écrire un roman avec ce qui se passe à Santa Ana (p. 139). 22 Voir PIT II, Los recursos de la novela policiaca dans Esta narrativa mexicana. Ensayos y entrevistas, V.F. Torres (ed.), Mexico, Ediciones Leega, 1991, p. 197. 23 Voir Robles, Manuel et Ernesto Reyes, Denuncia el alcalde de Juchitán que priístas y ricos promueven violencias dans Proceso, n°351, 25 juillet 1983; ainsi que Pimentel Ramírez, Julio, Un ayuntamiento popular que trabaja y que no agrada a los caciques dans Por esto!, n°60, 19 août 1982, pp. 46-49. Nous tenons à remercier chaleureusement Yves Aguila pour nous avoir communiqué ces deux articles. 24 La figure du cacique est ici représentée par Melchor Barrio qui, si littéralement on ne peut pas le voir en peinture, fait lobjet dune toile exposée sur les murs de la mairie. On le voit en compagnie dun Ronald Reagan déguisé en diable. 25 LOP est une organisation populaire qui nest pas seulement liée aux partis de la gauche plurielle. Voir page 78 toutes les composantes socioprofessionnelles qui participent à la commémoration de la manifestation du 20 avril. 26
Souvenons-nous de cette citation de Quevedo dans
lépigraphe du roman: 27 Le plan de Mata Redonda est un plan discuté au mois davril 1920, cest-à-direun mois avant la rébellion dAgua Prieta contre Carranza, entre les militaires mexicains Gómez, Zevada et Martínez Fierro (nom qui rappelle le vrai général Martínez Herrera) et des hommes forts du pétrole comme Edward L. Doheny. Ce dernier est un personnage réel qui fut le représentant au Mexique de El Aguila, lune des compagnies pétrolières les plus importantes. Il préféra financer une révolution dans le but de renverser Carranza plutôt que de payer les impôts envisagés par le gouvernement. 28 Dans Sombra de la sombra, il est fait référence à la Confederación General de Trabajadores (CGT) qui naît en 1921 et qui soutient laction directe refusant toute compromission avec le pouvoir. On parle aussi de la Central Regional Obrera Mexicana (CROM) fondée en 1918 qui, suite à une alliance avec les partisans dObregón, eut beaucoup de pouvoir. Les syndicats sont aussi présents dans La vida misma avec la CTM, syndicat allié et manipulé par le PRI. 29Le
Mexique est, par ailleurs, souvent présenté
comme un pays de violence: 30Fierro dit lui-même que Este pueblo me está enviando de cabeza al rincón de Hollywood que tenía en una esquina del cerebro (p. 35). Dautre part, remarquons que le propre nom du chef de la police municipale de Santa Ana, nom qui devrait signifier la force, renvoie caricaturalement à lunivers de Walt Disney. Dans les aventures de Mickey, Fierro est le nom du chef de la police. Son accoutrement (casquette de base-ball et son insigne dhomme-araignée comme Spiderman) renforce cette idée dauto-dérision du personnage et de lauteur. Lhumour est partout présent comme dans le choix du pseudonyme de lAméricaine assassinée: Jessica Lange, le nom de lhéroïne de King Kong (p. 96). A noter encore quon assiste page 50 à un véritable ralenti cinématographique de la scène de la fusillade. 31 Citons
par exemple dans Sombra de la sombra, Vito Alessio
Robles (1879-1957), le directeur des journaux El Heraldo
de México et El Demócrata, Ricardo
Flores Magón, militant antiporfirien exilé aux
E.U.; Lucio Blanco (1879-1922), ministre de
lIntérieur du gouvernement formé des
suites de la Convention dAguascaliente; Ramírez
Garrido, chef de la police de Mexico; Fermín
Revueltas (1903-1935), jeune peintre muraliste: 32 A linstar de Marc Cooper, journaliste à Los Angeles, de lavocat Héctor Mercado, de Juan Carlos Canales, de Fritz Glockner et de Carlos Monsiváis, écrivain mexicain contemporain, personnes à qui est dédié le roman, Esther est à la fois une personne bien réelle et un des personnages du roman. 33 Le mouvement prône une esthétique avant-gardiste. Il exalte lavion, la radio et la photographie au nom dun hypermodernisme teinté de futurisme et dexpressionnisme, en contraste total avec la réalité mexicaine traditionnelle, indienne et paysanne. Il fait une part importante au monde industriel et ouvrier, nhésitant pas à invoquer une idéologie du travail, proche de lanarchisme et du marxisme. Lapparition de la ville, du paysage urbain avec ses câbles électriques et ses cheminées dusine comme objet pictural, est lune des conquêtes du mouvement estridentista. Avec lui, et pour la première fois, simpose limage de la cité industrieuse, emportée dans les trépidances de la modernité. Gruzinski, Serge, Histoire de Mexico, Fayard, Paris, 1996, pp. 28-29. 34 Linspiration de ce personnage fut le rédacteur anonyme des nouvelles policières de El Demócrata entre 1921 et 1925. 35 Aubague, Laurent, Fiction et action dans les romans La vida misma et Sombra de la sombra de P.I. Taibo II dans Ecrire le Mexique: Carlos Fuentes et Paco Ignacio Taibo II, Jean Franco (ed.), Ellipses, Paris, 1998, p. 147. 36
Voir le discours des trois militaires: 37 Aguila, Yves, La vida misma: le masque de la fiction dans Ecrire le Mexique: Carlos Fuentes et Paco Ignacio Taibo II, Jean Franco (ed.), Ellipses, Paris, 1998, p. 160. 38 Charlon, Anne, Les investigations tous azimuts de Paco Ignacio Taibo II dans Sombra de la sombra et La vida misma dans Les langues néo-latines, n°307, 1998, p. 33. 39 Serge Gruzinski dresse un tableau très noir de linfluence de Televisa au détriment dautres moyens de communication. Victoire, comme partout ailleurs, de limage électronique. A la fin des années quatre-vingt, 93% des téléviseurs de Mexico suivent une chaîne de Televisa aux dépens de la presse écrite. En 1990, pas un seul quotidien ne tire à plus de 100 000 exemplaires alors quen 1910, peu avant la Révolution, le journal le plus lu de la ville avoisinait les 150 000 exemplaires. Dans le même temps, lagglomération était passée de 560 000 à environ 20 millions dhabitants. Face à quoi [le pouvoir de Televisa] lélite du goût et de la culture, celle qui fréquente les théâtres, les ciné-clubs et les concerts, lit et écrit, pèse de moins en moins. Guère plus de vingt mille personnes noyées dans dix millions dhabitants. Gruzinski, Serge, op. cit., pp. 400 et 381-382. 40 Sartre, Jean-Paul, Quest ce que la littérature?, Folio essais, Paris, 1997, p. 30. |